La plainte avec constitution de partie civile : tout savoir en 4 minutes

Lorsqu’une infraction pénale cause un préjudice, la victime peut hésiter sur les démarches à entreprendre pour obtenir réparation. La plainte avec constitution de partie civile est une procédure permettant à la victime de déclencher directement une enquête pénale. Cette procédure peut ainsi s’avérer utile lorsque le ministère public décide de ne pas poursuivre après une plainte simple.
Sommaire :
- La plainte avec constitution de partie civile : qu’est-ce que c’est vraiment ?
- Les avantages de la plainte avec constitution de partie civile par rapport à une plainte simple
- Les conditions pour déposer une plainte avec constitution de partie civile recevable
- Les étapes clés de la procédure
- En conclusion : pourquoi faire appel à un avocat pour ce type de démarche ?
La plainte avec constitution de partie civile : qu’est-ce que c’est vraiment ?
La plainte avec constitution de partie civile permet à une personne s’estimant lésée par une infraction de saisir directement le juge d’instruction territorialement compétent.
En vertu de l’article 86 du code de procédure pénale (CPP), cette plainte oblige ainsi le juge à instruire les faits dénoncés, sauf s’ils sont manifestement dépourvus de base légale ou si aucune infraction pénale ne peut être retenue.
Cette procédure, reconnue dès l’arrêt dit « Laurent-Atthalin » rendu par la Cour de cassation (Crim., 8 déc. 1906, Bull. crim. 1906, n° 443 ; D. 1907, p. 207), confère à la victime un rôle actif dans la mise en mouvement de l’action publique (art. 85 du CPP).
L’article 87 du code de procédure pénale permet en outre à la victime de se constituer partie civile même dans une information judiciaire déjà ouverte.
Les avantages de la plainte avec constitution de partie civile par rapport à une plainte simple
Le juge d’instruction : votre allié pour déclencher une enquête
La plainte avec constitution de partie civile permet de contourner une éventuelle inaction du procureur de la République. En effet, une plainte simple, déposée auprès du parquet, peut être classée sans suite si le procureur estime que les faits ne justifient pas des poursuites (v. : Le classement sans suite : quelles conséquences, quels recours ?).
En revanche, en déposant une plainte avec constitution de partie civile, la victime saisit – via le doyen des juges d’instruction – un juge d’instruction. Ce dernier est alors tenu d’ouvrir une information judiciaire si la plainte est recevable (art. 86 du CPP).
Des droits élargis pour maîtriser la procédure pénale
Contrairement à une plainte simple, la constitution de partie civile offre à la victime des droits procéduraux élargis, notamment :
- L’accès au dossier d’instruction.
- La possibilité de demander des actes d’enquête (expertises, auditions, perquisitions, confrontations) en application de l’article 82-1 du code de procédure pénale.
- La participation active aux débats devant le juge d’instruction.
Ces prérogatives garantissent ainsi que l’instruction ne se limite pas aux seuls actes d’enquête décidés par le juge d’instruction.
Les conditions pour déposer une plainte avec constitution de partie civile recevable
Pour qu’une plainte avec constitution de partie civile soit recevable, plusieurs critères doivent être remplis :
- Un préjudice personnel et direct. Selon l’article 2 du code de procédure pénale, l’action civile appartient à ceux qui ont personnellement souffert du dommage causé par l’infraction. Par exemple, un préjudice moral ou matériel doit être prouvé. La jurisprudence précise que l’existence du préjudice allégué doit être plausible, tout comme sa relation avec l’infraction poursuivie (Crim., 19 févr. 2002 ; Bull. crim. 2002, n° 34).
- Une infraction punissable. L’article 85 du CPP exige que les faits dénoncés soient susceptibles d’être qualifiés de « crime » ou de « délit ».
- L’échec de la plainte simple. Une plainte avec constitution de partie civile n’est en effet recevable que si l’intéressé justifie (art. 85 al. 2 du code de procédure pénale) :
- soit que le procureur lui a fait connaître qu’il n’engagerait pas lui-même les poursuites.
- soit qu’un délai de trois mois s’est écoulé depuis qu’il a déposé plainte. Le plaignant devra alors produire le récépissé ou l’accusé de réception de la lettre recommandée afférent à la plainte.
- Le respect des délais de prescription. L’action civile devant le juge pénal suit les délais de l’action publique, comme prévu à l’article 10 du CPP.
Il doit être précisé que pour les crimes, les délits de presse ou les délits prévus par le code électoral, la plainte avec constitution de partie civile peut être adressée sans qu’aucune plainte simple n’ait été préalablement déposée.
Les étapes clés de la procédure
- Dépôt de la plainte avec constitution de partie civile : La plainte doit d’abord être rédigée en respectant l’article 85 du code de procédure pénale. Elle devra ainsi contenir une description des faits, des éléments prouvant le préjudice, et être adressée au juge d’instruction territorialement compétent. La loi ne prévoit aucun formalisme. Ainsi, la plainte avec constitution de partie civile peut être déposée par lettre simple voire par voie électronique si le plaignant est assisté d’un avocat (art. D.31-1 du code de procédure pénale)
- Fixation de la consignation : L’article 88 du code de procédure pénale prévoit ensuite que le Doyen des juges d’instruction fixe une consignation destinée à garantir le paiement d’une éventuelle amende civile en cas de plainte abusive ou non-fondée. Cette consignation peut être adaptée ou supprimée si le plaignant bénéficie de l’aide juridictionnelle.
- Les réquisitions du procureur de la République. Le juge d’instruction ordonne communication de la plainte au procureur pour que ce magistrat prenne ses réquisitions. Le procureur peut demander au juge d’instruction un délai supplémentaire de trois mois pour diligenter des investigations avant de faire connaître ses réquisitions.
- Ouverture de l’instruction : Si la plainte est recevable, le juge d’instruction désigné est tenu d’instruire les faits. À ce stade, le plaignant peut alors demander à être entendu et à présenter des éléments de preuves (v. : L’information judiciaire : comprendre cette phase clé de la procédure pénale)
- Décision finale : Une fois l’instruction terminée, le juge peut rendre un non-lieu (art. 177 du CPP) ou renvoyer l’affaire devant la juridiction pénale compétente pour juger la personnes mise en cause.
En conclusion : pourquoi faire appel à un avocat pour ce type de démarche ?
La plainte avec constitution de partie civile est une démarche essentielle pour toute personne victime d’une infraction pénale. Elle vous donnera un contrôle direct sur la procédure pénale (et notamment les investigations) et permettra de faire valoir vos droits efficacement.
Cependant le dépôt d’une telle plainte, tout comme son suivi, requièrent une expertise juridique approfondie. L’avocat vous sera en effet essentiel à tous les stades de cette procédure :
- Rédaction de la plainte : En s’appuyant sur les articles 85 à 91-1 du code de procédure pénale et en faisant mention de la jurisprudence idoine.
- Suivi de la procédure : Il veillera au respect des délais et s’assurera que votre dossier est complet.
- Protection de vos droits : En cas de contestation ou de rejet, il formera appel devant la chambre de l’instruction, comme le prévoient les articles 186 et suivants du code de procédure pénale.
Si vous êtes confronté à une telle situation, contactez notre cabinet pour un accompagnement personnalisé. Forts d’une expertise pointue en procédure pénale, nous vous guiderons pas à pas dans cette démarche.