Si le mandat d’arrêt est acte hautement coercitif, il n’est pas pour autant inattaquable. Ainsi, une personne visée par un tel mandat peut engager des recours si elle estime que ses droits ont été violés ou que les conditions légales de délivrance n’ont pas été respectée. Il est donc primordial de savoir comment pouvoir contester un mandat d’arrêt.

Sommaire

  1. Comprendre le mandat d’arrêt : définition et contexte
  2. Rappel des fondements juridiques d’un mandat d’arrêt
  3. Quels recours pour contester un mandat d’arrêt ?
  4. Quelles sont les conséquences de l’annulation d’un mandat d’arrêt ?
  5. Conclusion

Comprendre le mandat d’arrêt : définition et contexte

Un mandat d’arrêt est un acte judiciaire émis par un magistrat pour rechercher et arrêter une personne. Conformément aux articles 122 et suivants du code de procédure pénale (CPP), il peut être délivré dans plusieurs contextes :

  • Lorsqu’une personne est en fuite à l’étranger et soupçonnée d’avoir commis une infraction.
  • Lorsque le prévenu ou l’accusé ne se présente pas devant la juridiction compétente.
  • En cas de condamnation en l’absence du justiciable.

Le mandat d’arrêt se distingue en outre des autres mandats judiciaires (comparution, amener, dépôt) par son caractère particulièrement coercitif.

Pour en savoir plus : Le mandat d’arrêt : comprendre l’essentiel en 3 minutes

Rappel des fondements juridiques d’un mandat d’arrêt

Pour être valable, un mandat d’arrêt doit respecter plusieurs conditions essentielles :

  • Motivation : Il doit tout d’abord justifier la nécessité de sa délivrance.
  • Respect des garanties procédurales : L’omission de certaines mentions obligatoires (comme l’identité précise de la personne ou les textes légaux applicables) peut ensuite entraîner sa nullité.
  • Proportionnalité : Le recours à cette mesure doit enfin être justifié par la gravité des faits reprochés et l’urgence de la situation.

Ainsi, si certaines de ces conditions ne sont pas respectées, le mandat d’arrêt encourt la nullité.

Quels recours pour contester un mandat d’arrêt ?

Un mandat d’arrêt peut être contesté de plusieurs façons. Voici les principaux moyens de contestation.

Demander l’annulation pour vice de procédure

Un mandat d’arrêt peut être contesté en invoquant des irrégularités formelles ou substantielles. Ces recours reposent principalement sur l’article 802 du code de procédure pénale, qui prévoit la nullité des actes en cas de non-respect des garanties essentielles.

  • Les irrégularités formelles :
    • Absence de signature ou de date sur le mandat (Crim., 21 nov. 1988, : Bull. crim. 1988, n° 394) ;
    • Mention incomplète des faits reprochés ou des textes de loi applicables (art. 123 du CPP).
  • Les irrégularités substantielles :
    • L’incompétence du magistrat mandant entache de nullité la délivrance du mandat (Crim., 5 mai 1832 : Bull. crim. 1832, n° 159).
    • Absence d’avis préalable du procureur de la République (art. 131 du CPP). La Cour de cassation a ainsi annulé un mandat d’arrêt délivré sans avis préalable du ministère public (Cass. crim., 7 avr. 1987, Bull. crim. 1987, n° 159).
    • Délivrance du mandat sans preuves suffisantes (art. 80-1 et 122 du CPP). La Cour de cassation a rappelé que le juge d’instruction devait s’assurer que des indices graves et concordants pesaient sur la personne avant de délivrer mandat d’arrêt à son encontre (Crim., 29 sept. 1998, n° 98-81.582)

Former un recours en appel

La loi ne prévoit pas expressément que le mandat d’arrêt, acte juridictionnel, est susceptible d’appel.

Cependant, si le mandat d’arrêt est accompagné d’une ordonnance de placement en détention provisoire (ordonnance d’incarcération) ou rendu dans le cadre d’une décision de justice, un recours en appel peut être formé contre cette décision.

Les juridictions compétentes pour examiner l’appel varient alors selon la nature de l’autorité ayant émis le mandat.

La cour d’appel sera ainsi compétente pour se statuer sur une décision prononcée par un juge d’instruction ou le tribunal correctionnel.

Soulever une question prioritaire de constitutionnalité (QPC)

Enfin, dans certains cas, il sera possible de contester la constitutionnalité des dispositions légales sur lesquelles repose le mandat d’arrêt.

Quelles sont les conséquences de l’annulation d’un mandat d’arrêt ?

Si le recours aboutit, le mandat est déclaré nul, et tous les actes subséquents peuvent être invalidés et notamment l’arrestation (Crim., 25 janv. 1961 : Bull. crim. 1961, n° 47).

De la même manière, la nullité d’un mandat entraînera la libération immédiate de la personne concernée dès lors que sa détention sera devenue irrégulière (Crim., 27 oct. 1986 : Bull. crim. 1986, n° 306).

Conclusion

Contester un mandat d’arrêt nécessite une analyse rigoureuse des éléments juridiques et factuels entourant sa délivrance. Ces démarches complexes requièrent impérativement l’accompagnement d’un avocat spécialisé. Faire appel à notre cabinet d’avocats vous permettra ainsi de défendre efficacement vos droits et de maximiser vos chances de succès dans ce type de procédure.

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