Le mandat d’arrêt : comprendre l’essentiel en 3 minutes

Le mandat d’arrêt est un outil juridique utilisé dans le cadre de la procédure pénale pour contraindre une personne à comparaître ou pour la placer en détention. Sa délivrance, ses conditions d’exécution et ses conséquences sont encadrées par le code de procédure pénale (CPP). Cet article présente le mandat d’arrêt, ses implications et vos droits face à cet outil juridique.
Sommaire
- Qu’est-ce qu’un mandat d’arrêt ?
- Qui peut délivrer un mandat d’arrêt ?
- Mandat d’arrêt : des critères stricts à respecter
- L’exécution d’un mandat d’arrêt : les étapes qui suivent après l’interpellation sur mandat d’arrêt
- Vos droits en cas de mandat d’arrêt
- Conclusion
1. Qu’est-ce qu’un mandat d’arrêt ?
Un mandat d’arrêt est un acte juridique émis par une autorité judiciaire dans le cadre d’une procédure pénale. Son objectif principal est de localiser et arrêter une personne se trouvant à l’étranger, afin de la présenter devant un juge pour répondre à des accusations ou exécuter une condamnation.
Ce mandat ne pourra être délivré que lorsqu’il est encouru des peines d’emprisonnement.
Concrètement, la diffusion du mandat d’arrêt sera faite par le biais du fichier des personnes recherchées.
2. Qui peut délivrer un mandat d’arrêt ?
Plusieurs autorités judiciaires peuvent délivrer un mandat d’arrêt, selon le stade de la procédure.
Le juge d’instruction
Selon l’article 122 du code de procédure pénale, le juge d’instruction peut délivrer un mandat d’arrêt si des indices graves ou concordants rendent vraisemblable la participation de la personne à une infraction. Ainsi, ce mandat peut être utilisé pour garantir la comparution de la personne ou pour permettre son placement en détention provisoire.
Il pourra également délivrer un mandat d’arrêt à l’encontre de toute personne ne respectant pas son contrôle judiciaire (article 141-2 du CPP).
Les juridictions de jugement
Une juridiction de jugement peut aussi délivrer un mandat d’arrêt, notamment lorsque la personne condamnée est absente lors de la prononciation d’une peine d’emprisonnement. Le tribunal correctionnel ou la cour d’assises sont alors en mesure de décerner un mandat d’arrêt pour assurer l’exécution d’une peine (art. 410, 379-2 et 379-3 du CPP).
Le juge d’application des peines
Le juge de l’application des peines peut aussi décerner mandat d’arrêt contre le condamné en fuite ou résidant à l’étranger, qui n’observe pas les obligations qui lui incombent (art. 712-17 du CPP).
Le juge des libertés et de la détention (JLD)
Enfin, dans certains cas spécifiques, le juge des libertés et de la détention pourra également délivrer un mandat d’arrêt. Tel sera le cas par exemple, si une personne se soustrait à son contrôle judiciaire alors qu’elle est renvoyée devant la juridiction de jugement. Le procureur de la République peut alors saisir le JLD pour qu’un mandat d’arrêt soit décerné à son encontre (art. 141-2 al. 2 du CPP).
3. Mandat d’arrêt : des critères stricts à respecter
Le mandat d’arrêt est une mesure coercitive d’une grande portée. Sa délivrance est donc strictement encadrée et soumise à des conditions précises pour garantir une utilisation conforme aux principes du droit.
- Une personne en fuite ou résidant hors du territoire : Ce mandat est d’abord utilisé lorsque la personne recherchée est difficilement localisable ou tente d’échapper à la justice. Surtout, un mandat d’arrêt ne peut pas être délivré contre une personne dont le domicile en France est connu
- Existence de charges suffisantes : Le juge doit ensuite disposer d’indices graves ou concordants rendant vraisemblable la participation de la personne visée à l’infraction (art. 80-1 du CPP).
- Avis préalable du procureur de la République : La délivrance d’un mandat d’arrêt par un juge d’instruction nécessite l’avis ou les réquisitions du ministère public (article 131 du Code de procédure pénale). Cet avis devra répondre à des conditions précises sous peine de nullité (Crim., 7 avr. 1987 ; Bull. crim. 1987, n° 159).
- Gravité de l’infraction : Enfin, le mandat d’arrêt ne peut être délivré que si une peine d’emprisonnement correctionnel ou une peine plus grave est encourue (art. 131 et 141-2 du CPP).
- Finalité du mandat : Assurer la comparution de l’intéressé ou garantir l’exécution d’une condamnation.
La jurisprudence rappelle que la mesure de contrainte doit être strictement limitée aux nécessités de la procédure et proportionnée à la gravité de l’infraction reprochée (Crim., 14 juin 2022, n° 21-86.635)
4. Les étapes clés après l’interpellation sur mandat d’arrêt
Lorsqu’une personne est interpellée dans le cadre d’un mandat d’arrêt, plusieurs étapes s’enchaînent.
L’interpellation
Lors de l’exécution du mandat, les forces de l’ordre arrêtent la personne et l’informent :
- de l’existence du mandat d’arrêt ;
- des faits reprochés ;
- de ses droits, notamment celui d’être assistée par un avocat.
Une copie du mandat doit lui être remise conformément à l’article 123 du code de procédure pénale.
La présentation devant un magistrat
La personne arrêtée doit être présentée dans un délai maximum de 24 heures au juge ayant délivré le mandat ou à défaut au président du tribunal (art. 133 du CPP). Si l’arrestation est réalisée à plus de 200 kilomètres du siège du juge d’instruction, la personne devra alors être présentée devant le JLD du lieu de l’arrestation (art. 133 du CPP). Ce délai est impératif. Tout dépassement de ce délai constitue une violation des droits de la défense.
L’interrogatoire ou l’audience
Lors de sa présentation, la personne est :
- soit interrogée par le juge mandant (s’il s’agit d’un mandat d’arrêt délivré par un juge d’instruction) ;
- soit entendue devant une juridiction de jugement (pour un mandat délivré par une cour d’assises ou un tribunal correctionnel).
Le magistrat peut alors décider de :
- lever le mandat si les charges initiales ne sont pas confirmées ;
- placer la personne en détention provisoire si les conditions le justifient ;
- la libérer sous contrôle judiciaire en fonction des garanties de représentation.
Les conséquences juridiques ultérieures
En cas de condamnation, l’exécution du mandat d’arrêt peut :
- conduire directement à l’incarcération de la personne pour l’exécution de la peine ;
- permettre son transfert vers un autre tribunal ou une autre juridiction compétente, notamment en cas de connexité des faits.
5. Mandat d’arrêt : quels sont vos droits ?
Lorsqu’une personne est retenue par les services de police ou de gendarmerie dans le cadre de l’exécution d’un mandat d’arrêt, cette dernière disposera de plusieurs droits dans l’attente d’être présentée à un magistrat :
- Assistance juridique. D’abord, elle pourra être assistée par un avocat dès l’arrestation, comme le garantit l’article 63-3-1 du code de procédure pénale.
- Droit de prévenir un proche : Ensuite, l’article 133-1 du code de procédure pénale prévoit qu’elle a le droit de faire prévenir un proche.
- Examen médical. La personne retenue pourra aussi demander à faire l’objet d’un examen médical.
- Droit au silence : Ce droit est également garanti lors de l’exécution du mandat.
- Recours et contestations : Enfin, la personne pourra contester la validité du mandat, notamment en cas de vice de forme ou d’absence de base légale (art. 134 et 802 du CPP).
Enfin, il est important de préciser que la personne faisant l’objet d’un mandat d’arrêt ne peut pas être placée en garde à vue et interrogée sur les faits pour lesquels le mandat a été délivré. En effet, le juge est tenu d’entendre la personne comme « témoin assisté » sauf à la mettre en examen, ce qui, en pratique, sera fréquent (art. 122, al. 7 du CPP).
6. Conclusion
Le mandat d’arrêt est une mesure coercitive qui doit être utilisée dans le strict respect des garanties prévues par la loi. Si vous ou l’un de vos proches êtes concernés par un mandat d’arrêt, il est essentiel de réagir rapidement avec l’aide d’un avocat.
Un avocat spécialisé en droit pénal pourra en effet :
- Vérifier la régularité du mandat et de son exécution.
- Assurer votre défense et faire valoir les éventuels vices de procédure.
- Vous conseiller sur les démarches pour protéger vos droits et limiter les conséquences juridiques.
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